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Nous arrivons à l'hôtel particulier qui abrite l'exposition d'art érotique.
A mes côtés tu sembles impatiente.
Ta poitrine engoncée dans un bustier pourpre ne dévoile que la vallée de tes seins.
Un chemisier noir transparent rend ta tenue affriolante des plus envoûtante.
Ta jupe longue laisse apparaître les arabesques de tes bas noirs par l'échancrure qui remonte jusqu'à la hauteur des porte jarretelles rouges.
Un air faussement rétro, une allure libertine, que ton port altier rend encore plus affolant.
A mon bras tu salues avec moi le maître de maison et sa femme qui te sourit, complice.
Il y a peu de monde à parcourir les salles, moins que lors du vernissage.
Soudain tu serres mon avant-bras et tu m'indiques une femme dans le jardin intérieur.
- C'est elle. Mon amie.
Elle observe une sculpture de bois acajou où un homme et une femme, nus, collés, tendent leurs bras vers une pomme qu'ils ne touchent que du bout des doigts.
Ses cheveux longs, blonds, descendent en cascade sur ses épaules et sur l'étole chamarrée qu'elle porte autour du cou.
Un pull de laine fin et ouvragé enserre ses seins qui se dessinent avec délicatesse.
Ses jambes fines sont bottées et son pantalon de jean clair rehausse la forme délicieusement bombée de son fessier.
Tu me souris.
- Elle est belle n'est-ce pas ?
Je confirme par un baiser dans ton cou.
Ton parfum m'envoûte.
- Je te laisse la découvrir, je vais aller flâner dans les pièces. Me souris-tu comme tu t'éloignes à pas discrets.
Je m'approche de la sculpture.
Elle me lance un coup d'oeil avant de revenir à l'oeuvre, attentive.
Le maquillage léger qui entoure ses yeux donne à son regard vert et noisette un côté extrêmement sensuel, quelque peu mystérieux.
Ses lèvres sont roses, parfaites, je ne peux m'empêcher d'avoir envie de l'embrasser.
Quelques grains de beauté épars lui confèrent un visage d'une rare attirance.
Elle sent mon insistance et, en femme qui sait qu'elle attire les hommes, prend un masque de distance en me faisant face.
Je lui souris, soutenant quelques instants son regard de menthe glacée avant d'admirer la statue végétale.
Son sourire de marbre se fêle et ses pommettes saillantes s'empourprent légèrement.
- Superbe chute de reins. Dis-je
Elle entrouvre la bouche pour rétorquer avant de s'apercevoir que ma main s'est posée sur la croupe vernie de la femme éternellement immobile.
Un sourire léger se fend sur son visage amusé.
- Lui n'est pas mal non plus. Rétorque t-elle.
- Le noeud, ici, est fort adroitement placé.
Elle se décale pour se rapprocher de moi et observer dans un petit rire, sensible à cette pointe d'humour décalée.
Cristallin, léger comme sa voix.
Quelques minutes se passent ou nous observons attentivement la matière... les formes... libertins à mots couverts, dans une valse verbale où chacun cherche l'autre sans l'admettre.
Une joute orale où chacune de nos phrases, de nos points de vues, viennent abonder ou se confronter avec intrigue et humour.
Un plateau nous est présenté par une brune en tenue de service.
Nous dégustons un petit four.
- Décidemment, tout est parfait ici. Lance-je, volontairement appuyé d'un regard à la jeune femme.
- Monsieur apprécie les belles choses. Répond-elle.
Je pose mon regard sur elle, détaillant ses yeux, ses épaules fines, ses seins arrogants.
- Je ne peux le cacher.
Elle rougit avant de détourner le regard.
Je poursuis alors d'une voix plus douce, plus proche d'elle.
- Puis-je vous offrir mon bras pour visiter les autres salles ?
- Je... je n'ai pas l'habitude de... mais... oui, avec plaisir.
Elle pose alors sa main sur mon avant bras, un peu gênée et surprise par mes avances.
- Peut-être avez-vous un compagnon qui s'en offenserait ?
Elle réagit vite, très vite.
- Non, du tout !
S'apercevant qu'elle venait de parler trop vite, elle retire aussitôt sa main et se redresse fièrement.
- Monsieur, je ne vous connais pas et... enfin... j'attends une amie.
Son allure m'évoque mille représentations, divinité nordique, vestale romaine ou encore icône égyptienne... unie par une aura de sensualité intense.
- Une amie... proche ?
Elle rit doucement avant de me redonner sa main.
- Oui. Mais peut-être pas comme vous l'imaginez.
- J'ai une grande imagination.
Nous déambulons doucement de salles en salles. Nos commentaires toujours aussi empreints de doubles sens, de sourires en coin.
Rapidement une complicité naît et une fois fini notre tour des oeuvres c'est à regret qu'elle enlève son bras du mien alors qu'Eve s'approche de nous.
- Voici mon amie qui arrive. Je dois vous abandonner.
- Ce fut un plaisir. Dis-je.
- Le plaisir fut partagé. Merci Monsieur, me dit-elle, inconnu dont je ne connais pas le nom.
- Monsieur me va très bien.
Elle prend un air songeur alors qu'Eve glisse son bras dans mon dos.
- Vous avez fait connaissance ?
Elle rougit.
Eve sourit.
Je les trouve aussi désirables l'une que l'autre.
Nous quittons l'hôtel particulier pour la terrasse d'un café.
Le soleil nous réchauffe et les présentations sont rapides.
J'apprends qu'elle est dessinatrice, peintre à ses heures et que les deux femmes se connaissent depuis longtemps.
Deux amies complices qui n'ont pas manqué d'échanger sur leurs amis, amants et pratiques.
Aussi désirables l'une que l'autre dans des féminités différentes.
- Je pense vouloir tenter l'expérience. Lance t elle soudain.
Je regarde Eve qui baisse les yeux avant de me poser sur le visage radieux de son amie.
Elle poursuit de sa voix douce, un peu plus basse.
- J'ai envie de ressentir la force d'un homme qui me domine.
Au travers de son chemisier se dessinent ses tétons tendus par l'excitation que lui procure cette rencontre, ce dialogue et la situation.
Son visage se referme alors que je prends la parole.
- Non.
Elle ouvre la bouche avant de la refermer et se caler dans le fond de son siège.
- Ce n'est pas une expérience que l'on tente comme on achète un billet de loterie. Ce n'est pas une domination physique mais un partage, un échange autour d'une relation sans équivoque. Eve t'a t-elle bien tout raconté ?
Son visage s'empourpre devant mon refus ce qui la rend encore plus attirante.
- Oui... bredouille t-elle. Je pensais juste que vous n'aimiez pas perdre votre temps... mon expression a été malheureuse.
L'ambiance devient soudainement plus lourde.
- Et puis... vous n'êtes pas en tenue.
Mon pied vient se poser sur le sien et remonte en frottant sa cheville. Elle se fige entre la contradiction de mon geste et mon verbe.
- Une autre fois peut-être. Achève-je en me levant sans un regard amical.
Elle bredouille un "oui... quand vous voudrez..."
Je pose ma main sur son épaule et l'embrasse en faisant glisser ma main dans son dos, mes lèvres contre sa joue de façon trop sensuelle pour confirmer mon refus verbal.
Un peu perdue elle embrasse son amie en me regardant, incapable de deviner la part du vrai de celle du faux.
Un geste de la main plus tard elle regagne sa voiture et je suis seul avec Eve qui me sourit largement.
- Je pense qu'elle est prête, me dit-elle, maintenant oui.
Ma main caresse sa nuque en arpentant les rues presque vides de ce dimanche après-midi.
- Elle ne l'est pas encore tout à fait mais bientôt. Tu n'as pas peur de sa concurrence ?
- Il n'y a pas de concurrence et j'en suis impatiente. J'imagine déjà nombre de possibilités avec elle et je sais que vous en avez encore d'autres.
Elle me glisse un papier dans la main.
- Son adresse. Il est temps que vous me rameniez chez moi, Monsieur.
Ses lèvres qui s'étirent en un sourire radieux me font l'embrasser sans retenue avant de parcourir les kilomètres trop courts pendant lesquels elle ouvre largement les jambes, jupe remontée sur les cuisses. Superbe.
J'admire son balancement de hanches alors qu'elle remonte son allée, son baiser qu'elle m'envoit comme elle rentre dans sa maison.
...
Je déplie le papier... c'est à quelques minutes.
La tentation d'Eve.
Je souris. Le moteur vrombit.
A suivre...