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Dans le vestibule du club très privé, le portier nous accueille avec un sourire et nous débarrasse de nos vestes.
Arrive alors celle qui se présente comme la responsable de cet établissement.
Brune et grande, sa robe de soirée noire ne dévoile que la peau de ses bras et les formes voluptueuses de son corps.
Eve ouvre de grands yeux, attentives aux images, reproductions d’œuvres d’art, toutes plus érotiques les unes que les autres, qui tapissent les murs de cette entrée singulière.
J’échange quelques mots avec la femme qui s’approche d’Eve.
- C’est votre première fois dans un club comme celui-ci ? lui demande t-elle doucement.
Eve semble soudain saisir brusquement la réalité de l’endroit.
- Oui. Je ne suis jamais entré dans un tel lieu.
- Je fais confiance à votre… éducateur… Mais surtout n’hésitez pas à prendre votre temps.
Le clin d’œil qu’elle me lance n’échappe pas à ma belle soumise qui ne relève cependant pas la complicité entre cette femme élancée et moi.
Eve glisse sa main dans la mienne.
Le rideau de velours noir aux arabesques roses s’écarte pour nous faire pénétrer dans une salle où un bar de stuc blanc, épuré, répand une lueur bleutée dans l’ensemble de la pièce.
Des canapés ronds cuir brun forment des cercles confidentiels ou quelques couples ou groupes de personnes devisent a mi voix.
Quelques personnes au comptoir nous gratifient d’un sourire comme nous entrons dans cette pièce au sol sur plusieurs niveaux de marches.
La barman et la barmaid nous offrent à chacun un cocktail de bienvenue. Bleu nuit pour moi, il est rouge pour Eve.
Je l’entraîne vers un cercle un peu en hauteur et à l’écart du centre.
Elle vient se lover contre moi, proche, cherchant sans doute à contrer son angoisse.
Une musique douce pulse son rythme hypnotique.
- C’est un club… hum…
Elle cherche ses mots.
- Oui, lui dis-je sans attendre la fin de sa phrase.
Ses rouges rougissent comme je ne les avais jamais vu encore auparavant.
Elle détaille les tenues des femmes et des hommes.
Nul trace de gestes déplacés si ce ne sont des caresses dans la nuque ou quelques mains posés sur les genoux et cuisses.
Aucun signe d’activité sexuelle sous les tables basses.
Je la sens presque déçu du caractère si sage du lieu.
- C’est calme. J’aime cette ambiance un peu « lounge ». Lâche t-elle.
- Tu pensais que tu allais découvrir des gens entremêlés et forniquant sans cesse ?
- Oui… peut-être… enfin pas cette ambiance bon enfant.
Un couple s’approche de notre canapé.
L’homme prend la parole.
- Pouvons-nous nous installer à vos côtés ?
- Bien sur.
Eve passe d’une jambe sur l’autre.
Il est blond, une mèche rebelle sur le front, le teint mat, des yeux noirs, assez grand il a une silhouette fine qu’il met en valeur sous une chemise de soie bleue et un pantalon nuit.
Sa compagne, plus petite, blonde également, des yeux bleus foncés, porte un bustier de cuir lacé qu’elle cache sous une veste vaporeuse et une jupe assez courte. Ses jambes nues sont bottées.
- J’ai entendu votre remarque Madame, dit la femme avant de poursuivre, « il s’agit de la pièce que nous appelons l’Agora. Elle permet aux personnes, aux couples, de se rencontrer, de discuter, prendre un verre et parfois… poursuivre ailleurs la discussion ou l’échange. »
D’un hochement de tête, Eve signale son intérêt et sa compréhension.
- C’est votre première fois ? Questionne l’homme.
- Pour moi oui, signale Eve qui se redresse.
Deux paires d’yeux se posent alors sur la poitrine aux pointes tendues sous le chemisier que la veste ne cache plus.
- Nous serions heureux et … ravis… de vous faire découvrir ou vous inviter à prolonger votre immersion dans cet univers.
- Merci beaucoup. Réponds-je amicalement. « Cependant, pour aujourd’hui, nous avons… un projet assez particulier. » Achève-je avant de leur glisser une carte.
L’homme la lit, lève un sourcil et me gratifie d’un sourire avant de me lancer un « merci, je garde vos coordonnées » et nous laisser à nouveau seuls.
Le regard inquiet, Eve me questionne sans un mot.
- Ta punition, lui glisse-je à l’oreille comme une réponse à son interrogation.
- Je pensais que… cela pouvait en faire partie.
- Ce serait plus une récompense alors…
- Ho… oui… J’avoue qu’ils étaient assez attirants, tous les deux.
- Tu deviens de plus en plus coquine et gourmande.
Elle pose son visage sur mon épaule.
- C’est vous qui me donnez cet appétit, Monsieur, vous qui me découvrez telle que j’aime être.
Je caresse sa joue.
Sa respiration rapide et la chaleur des lieux lui font ôter sa veste.
- Allons visiter le reste du club.
Elle me suit.
Nous passons une lourde tenture noire et grise qui nous donne accès à un couloir où de nombreuses portes sont closes. Sur chacune d’elles, une ou plusieurs roses en argent s’enlacent.
- Plus il y a de roses, moins le lieu est sage. Lui glisse-je doucement en croisant un autre couple dont la femme peine à remettre son corsage.
J’ouvre une porte à une rose.
Quelques alcôves apparaissent.
Sur une sorte de terrasse, nous surplombons une piscine à l’eau violette où se baignent trois hommes et deux femmes. Nus.
Les alcôves ne sont protégées des regards que par un rideau de soie transparent qui permet de distinguer sans effort les activités coupables de quelques couples.
Sur notre gauche deux hommes et deux femmes s’embrassent, leurs mains prenant possession de chaque pouce de peau à leur portée.
Eve inspire fortement.
Ho… fait-elle. A la fois surprise et curieuse.
Sur notre gauche un homme possède en levrette une femme qui embouche un autre homme dans le même temps.
Les gémissements sont sans équivoques.
- Et il ne s’agit que d’une pièce avec une seule rose… soupire t-elle en me regardant, souriante, les yeux luisants.
Nous refermons la porte pour retrouver le couloir ouaté et capitonné.
Je passe sans m’arrêter devant une porte à 2 puis 3 roses.
Eve me tire par la main.
- Et là ? 3 roses ? C’est… vraiment très osé ?
- C’est particulier. Tu veux observer ?
Elle incline la tête avant de se mordre la lèvre inférieure.
Le spectacle qu’elle découvre la laisse sans voix.
C’est une pièce vaste aux murs noirs dans lesquels sont implantées des attaches qui permettent à des personnes d’être maintenues par les poignets. Des hommes et des femmes sont assis autour de petites tables, tournées vers les murs.
Un homme est face à ce mur. Poignets et chevilles liées. Derrière lui un autre homme lui passe du lubrifiant sur l’orifice anal pendant qu’un troisième enfile une capote.
Sur un autre mur c’est une femme qui subit les assauts de plusieurs hommes. De face, nous pouvons voir son visage peindre l’orgasme alors qu’un nouvel individu force son sexe. Ses doigts tendus, les mains enserrées dans des menottes au dessus de la tête, des femmes encouragent leurs hommes à la prendre encore plus forts.
- Il y a jusqu’à 7 roses, ma douce Eve.
Le regard absorbé par cette femme qui crie sa jouissance, elle serre ma main plus fort.
Nous ressortons à nouveau.
Quelques portes aux roses diverses, Une, Trois, Cinq…sept.
Elle ralentit le pas.
Je m’arrête.
- Non. Ce n’est pas pour toi. Et ce n’est pas non plus le moment.
Elle plonge ses yeux dans les miens. Devinant soudain qu’elle ne me connaît pas encore comme elle le croit.
Je pose ma main sur la poignée de la porte suivante. 2 roses.
- Entre, je t’en prie.
Elle sait que nous sommes arrivés. C’est ici le lieu de sa punition.
- Monsieur.
- Oui ?
- Je mouille.
Je pose un baiser sur ses lèvres. Elle ouvre sa bouche et m’embrasse.
Nos langues se désirent et se cherchent.
Ardentes.
Deux femmes sortes d’une pièce contiguë.
Je libère sa bouche au goût de sucre.
J’ouvre la porte… sans une hésitation, passant devant moi avec un sourire espiègle elle pénètre dans la vaste salle.
A suivre...