[…]
Un appel téléphonique avait suffit pour qu’elle me donne rendez-vous à la fin de son service, devant le cinéma.
La nuit est déjà avancée et les derniers clients sont sortis pour regagner leurs véhicules ou prendre un dernier verre.
Elle sort. Malgré sa tenue qui n’est plus celle de l’ouvreuse de salle, je la reconnais
aisément.
Ses cheveux blonds maintenus par un bandeau de tissu, ses yeux qui s'illuminent lorsqu'elle
m'aperçoit.
Son accent est chantant.
- Je ne pensais pas que tu allais me contacter si vite. Et j'en suis ravie.
Elle porte un pull de laine blanche pour se protéger de la fraicheur de la nuit, un jean
serré qui suggère les formes fines aux courbes sensuelles de ses jambes.
- Comment aurais-je pu faire attendre une si belle femme.
Elle rit, un petit rire joyeux et non feint.
- Tu m'offres un thé ?
Nous nous dirigeons vers un pub encore ouvert ou la chaleur et le ronronnement ambiant des
clients nous isolent dans le nombre.
- Je vois que tu t'es changé. Me dit-elle en soufflant sur son mug.
- Je n'allais pas venir avec mon pantalon tâché.
- Evidemment. Et... tu peux me dire comment il est arrivé dans cet état là ?
Je jette un oeil aux alentours. Même si personne ne sait de quoi nous parlons et malgré le
bruit qui empèche la table d'à côté de saisir le moindre mot de notre échange, je me sens un peu géné.
Elle me relance et me supplie de lui expliquer.
Après une seconde d'hésitation je me jette à l'eau.
- C'est à cause d'une femme...
Elle me regarde par-dessus la tasse fumante pour m'inviter à poursuivre.
- Nous avons... utilisé la salle de cinéma. Et le résultat de nos ébats fut la tâche qui
ornait mon pantalon et que tu as pu voir.
Elle a un large sourire.
- Et elle ?
- Elle était en jupe.
Elle se penche vers moi par dessus la table et nous ressemblons à deux conspirateurs.
- Et que lui as tu fait toi ?
J'hésite. Elle incline doucement son visage ovale, passe un doigt sur ses lèvres pleines et
roses pour essuyer une goutte de thé. Sa voix est à la limite de l'audible, douce, inquisitrice.
- Disons que j'ai beaucoup utilisé ma bouche et que je n'ai pas vu le film.
Elle part à nouveau d'un petit rire.
- Quelle chanceuse. Je suis sur qu'elle a du y prendre énormément de plaisir.
A mon tour j'ose une question.
- Pourquoi m'as-tu inscrit ton numéro sur mon ticket ?
Elle se cale dans le fond de sa chaise et me regarde quelques instants avant de revenir vers
moi.
De sa main droite elle joue avec sa tasse. De la gauche elle réajuste une mèche dorée sous
le tissu de son bandeau. Un peu génée elle ne se démonte pas pour autant.
- A cause de ton pantalon. On y voyait nettement ce que tu avais fait dans la salle et tu
avais encore... une... belle animation nettement visible.
- Tu chasses les hommes de cette façon ?
Elle ne répond rien et ses yeux semblent vouloir me transpercer alors que ma question la
surprend par sa franchise.
Après quelques instants de mutuelle observation elle se reprend.
- Cette femme. C'est ton amie ?
Dans mon esprit tout se bouscule. Elle ne répond pas. Elle m'entraine sur un autre terrain.
"Cette femme"... je revois immédiatement le regard de Miss Kathleen... alors mais je lui avoue sans l'ombre d'une hésitation.
- C'est ma Maitresse.
- Hoo... Une maitresse ? C'est à dire ?
- J'en suis le "servant".
Elle est surprise mais je crois distinguer une lueur de curiosité.
Alors que je croyais qu'en lui avouant la vérité elle allait me laisser en plan, bien au
contraire la voilà curieuse et interressée.
- Elle sait que tu es là ? Avec moi ?
Je glisse ma main sur la poche de ma chemise et en fait sortir mon téléphone
délicatement.
En lettres vertes et larges un "CALL" lumineux en majuscules montrent que nous sommes
entendus.
Elle rougit pour la première fois. Ses joues se pârent de la plus belle des couleurs.
- C'est aussi grâce à Elle que j'ai eu le droit de venir te retrouver.
Elle boit une gorgée de thé, lentement.
J'en profite pour admirer les formes de sa poitrine que le pull ne cherche pas à masquer ni
à dévoiler.
Lorsqu'elle repose le mug, vide, elle se mord la lèvre inférieure. Elle s'approche de
moi.
- C'est la première fois que je rencontre un homme soumis. J'avoue que je trouve cela
très... intéressant.
Du bout des doigts j'effleure le dos de sa main. Douce, chaude. Ses yeux bleus plantés dans
les miens.
- Elle t'a autorisé à faire... ce que tu veux ?
- A condition qu'elle entende.
- Peut-être même qu'elle nous voit ?
- Je ne sais pas. Peut-être.
Elle se laisse caresser les mains. Son regard ne me quitte plus.
- Tu me raccompagne chez moi ? La nuit, j'ai un peu peur de faire de mauvaises
rencontres.
La dernière partie de phrase est d'un d'un ton sensuel. Je sens en moi croitre une envie
d'être cette mauvaise rencontre.
Nous faisons chemin commun, son bras autour de ma taille, le mien sur ses épaules.
Légèrement plus petite que moi, je la trouve soudain menue et fragile.
- C'est gentil de me ramener.
- C'est normal.
Un peu perplexe je suis persuadé que la connaissance de ma maitresse irlandaise, l'a fait
fuir. C'est alors qu'elle revient à la charge.
- La petite ouvreuse que je suis pourrait croiser le chemin d'un méchant loup.
Je ne dis rien, un instant surpris.
- Un méchant loup qui pourrait abuser de moi...
- Ce serait horrible.
- Oui. Il pourrait me faire des choses... Me forcer à faire des choses...
Je laisse glisser ma main le long de son dos.
Elle se rapproche de moi et sa main se glisse dans mon pantalon.
- Peut-être même qu'il pourrait être déguisé en gentil chevalier et en fait nourrir l'idée
de... me violer.
Ma paume passe sur ses fesses. Je les presse doucement.
Loin de s'éloigner de moi ses doigts jouent avec l'élastique de mon boxer.
- Et peut-être même qu'il chasse en couple... ce serait effrayant.
Nos regards se croisent et elle me fait un large sourire.
- Nous sommes arrivés.
Au pied de son immeuble, elle s'immobilise puis se penche sur ma poche pour énoncer son
adresse.
Ma Maitresse sait maintenant où nous sommes.
- Tu me raccompagnes jusque chez moi ? Ou tu me laisses à la merci de n'importe qui ?
Je pousse la poignée de son immeuble et nous gravissons les étages. Dans mon boxer ma verge
se tend de plus en plus.
Elle ouvre sa porte et, au moment de la refermer, empèche le penne d'aller en bout de
course.
La porte d'entrée reste ouverte. Quasi invisible.
Elle me regarde d'un air entendu. Ses yeux brillent d'un éclat que je reconnais entre mille
: celui du désir sexuel.
- Te voilà à l'abri du grand méchant loup. Lui dis-je gentiment.
Elle minaude en déposant son petit sac sur une tablette murale.
- Il pourrait se cacher sous bien des déguisements et je pourrais me retrouver livrée en
pâture a ses plus bas instincts.
Je m'approche d'elle.
Sa poitrine se soulève alors qu'elle me fait face.
Du bout des doigts je caresse son cou.
- Voyons monsieur... je ne suis pas comme cela... Fait-elle en mimant un geste de recul.
Je masse doucement sa nuque, affermissant ma prise sur elle.
Elle se retrouve dos au mur.
- Vous n'allez pas me faire de mal ?
C'est une petite voix qu'elle dissimule mal derrière un sourire, et un corps qu'elle cambre,
ses épaules contre la tapisserie et son bassin en avant.
- Vous allez... me violer ?
Elle passe une de ses mains sur son bas ventre, a mi chemin entre la protection et la
caresse.
Je me raproche d'elle, envouté par ce jeu qu'elle donne à notre rencontre.
- Ho... pitié...
Elle ferme les yeux alors que je dépose un baiser sur sa bouche.
La pointe de sa langue sort et rencontre la mienne.
Nos lèvres se soudent, nos muscles s'enroulent.
Je découvre la fraicheur de son baiser au gout de menthe.
Mes mains sur ses hanches je l'attire vers moi.
Elle se frotte à mon entrejambe qui durcit de plus en plus.
Je relâche sa bouche pour venir embrasser son cou gracieux.
- Humm... non... ne me forcez pas... à faire des choses... sales...
Ses mains caressent mon dos, glissées sous ma chemise.
Dans un très léger couinement la porte d'entrée vient de s'ouvrir.
Nous échangeons un regard complice.
Elle se saisit du téléphone et l'éteint avant de me murmurer :
"Je ne me suis jamais faite violer par un couple... Et je suis si timide... hummm".
A suivre...