[...]

Je sens que l’on m’observe.

Une main posée sur la poignée de porte, l’autre sur le mur, je fais le tour rapide de la pièce dans laquelle j’ai la moitié de mon corps.

Il n’y a nulle autre personne que ma collègue qui vient de me souhaiter une bonne journée.

Je me rends alors compte que je suis un peu penchée et que l’une de mes jambes relève un petit peu ma jupe à cause de mon genou plié.

D’une main je lisse ma jupe et je reprends une attitude digne.

C’est dans la pièce à côté que se situe mon épieur.

Je croise son regard.

J’ai déjà rencontré cet homme.

Il m’avait fait, il faut l’admettre, un effet saisissant.

Il n’est pas ici depuis longtemps, et je n’ai jamais eu à travailler avec lui.

Je me souviens avoir eu envie d’être sa collaboratrice, le soir où je l’avais croisé, et je me rappelle en avoir souillé mes doigts, par jeu, sans autre envie que celle de l’instant d’alors.

L’acier sombre de ses yeux me transperce.

Je soutiens son regard quelques instants.

Il n’a pas ce regard grivois qu’ont les autres mâles en me regardant habituellement.

Il me scrute l’âme plus que le corps.

Et je suis obligée de détourner le regard tant je sens au fond de ses prunelles bruler un feu ardent qui me met mal à l’aise.

Le regard baissé je peux alors voir de façon fugace que son émoi empli son pantalon.

Il ne semble pas gêner d’arborer une érection nettement visible alors que nous sommes sur notre lieu de travail.

Je ne peux détacher mes yeux de la bosse qui gonfle le tissu sous sa ceinture.

Il se lève et je rougis.

Sotte que je suis, je n’ai jamais agis de la sorte avec mes autres collègues.

Refusant toujours, ignorant avec aplomb.

Je dois me reprendre et me composer le masque de l’indifférence.

Il avance à ma rencontre dans le couloir et je ne peux faire autrement qu’aller vers lui.

J’ai envie de courir dans l’autre sens. Mon corps, lui, à envie contraire de se rapprocher encore un peu plus de lui.

Nous nous croisons.

Il me salue d’un hochement de tête.

« Mademoiselle », me dit-il d’une voix grave qui me semble surgir de partout et de nulle part.

« Monsieur… », réponds-je doucement, réflexe de politesse quand mon cerveau ne se contrôle plus.

Il n’a pas quitté mes yeux. Il a du voir mes pommettes s’empourprer.

Seul son parfum persiste alors qu’il n’est plus là.

Je dois résister pour ne pas me retourner.

Au coin du couloir je peux hasarder un coup d’œil.

Je me surprends à observer son arrière-train. Il a ces genres de fesses que les femmes apprécient, rondes et musclées. Mes mains n’ont qu’un seul désir : les saisir.

Qu’il doit être bon de les avoir sous ses doigts lorsqu’il vous couvre.

Je m’adosse au mur. Je suis troublée.

Je sens au fond de ma culotte que mon émoi a perlé.

Il ne m’a même pas souri. Simplement regardé et je suis mouillée.

Quel genre d’homme est-ce donc ?

Je ne me souviens pas avoir éprouvé cela avant.

J’ai un homme déjà, mais celui-ci me donne envie de franchir une barrière.

Moi, l’intouchable, je me sens attiré au-delà de la raison.



Ce soir alors que je repense à cette scène, mes doigts s’agitent entre mes cuisses et je jouis en silence.

Peut-être vais-je le croiser demain…

Par Maitre - Publié dans : Eve & Monsieur
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